Monday 15 August 2022

Égyptomanie

 



Égyptomanie

https://www.marcmaison.fr/architectural-antiques-resources/egyptomanie

 

L'Egyptomanie est un phénomène unique dans l'histoire de l'art occidental, il décrit la fascination pour la culture et l'histoire de l’Égypte antique et pharaonique. A la mode dès l'époque romaine, on retrouve des pièces égyptiennes dans les premiers cabinets de curiosités des XVIe et XVIIème siècle. Mais c'est lors de la Campagne d’Égypte de Bonaparte (1798-1801) que l'art des pharaons recommence à fasciner artistes et collectionneurs. Cette fascination se poursuit jusqu'à nos jours, comme on peut le constater par exemple la pyramide du musée du Louvre inaugurée en 1989, ou celle du Luxor Hotel à Las Vegas, ouvert en 1993.

 

Si l’Égypte Romaine avait déjà livré de nombreux trésors à Rome (sculptures, obélisques…), qui seront ensuite redécouverts avec beaucoup d'intérêt en France et en Italie à la Renaissance, l'Egytomanie prend son essor au début du XVIIIème siècle sous l'influence de Johann Joachim Winckelmann (1717-1768), le grand théoricien du néoclassicisme. A l'époque de la France des Lumières, l'Antiquité devient un modèle et des motifs décoratifs d'origine égyptienne commencent à orner le mobilier et les décorations intérieures. L'Égypte est alors associée au voyage, à l'exotisme de l'Orient et à ses mystères.

 

Il faudra attendre le début du XIXème siècle et la Campagne en Égypte de Bonaparte, pour que l'Egyptomanie envahisse complètement les arts décoratifs, il sera d'ailleurs associé au Style Empire.

Dominique Vivant-Denon (1747-1825), alors directeur du Muséum Central des Arts (futur musée du Louvre), embarque à Toulon avec Napoléon, ce voyage va le marquer et ses Chroniques du voyage illustré sont couronnées d'un succès unanime. Dès lors fontaines ornées de motifs pharaoniques, décors de hiéroglyphes, obélisques et petites pyramides, envahissent la France pour célébrer les victoires napoléoniennes.

 

En 1822, Jean François Champollion (1790-1832) alors jeune conservateur des collections égyptiennes au Louvre, déchiffre les hiéroglyphes. Les découvertes s'amplifient sur les berges du Nil et l’égyptologie évolue devenant de plus en plus scientifique. L'égyptomanie prend alors une place de plus en plus importante dans les arts décoratifs tout en tirant profit des progrès de cette science naissante qu'est l'égyptologie. Les formes de l'Egyptomanie oscillent entre la rigueur documentaire et une certaine fantaisie qui n'a plus rien à voir avec l'antiquité. Le vase égyptien Champollion en porcelaine de Sèvres, conservé au château de Compiègne et réalisé par François-Hubert BARBIN (1786-1857) et le peintre sur porcelaine Jean-Charles DEVELLY (1783-1862) en est une parfaite illustration : afin de réaliser ce vase, le directeur de la Manufacture de Sèvres s'adresse directement à Champollion pour la validation du décor du vase. Cette caution scientifique facilitera la diffusion de l'objet. La manufacture de Sèvres produit aussi un grand nombre de services de vaisselle à décor égyptisant, notons par exemple le beau service à thé de l'impératrice Joséphine conservé au château de Malmaison.

 

Les peintres aussi savent tirer parti des nouvelles découvertes de l'égyptologie et reproduisent des décors à l'ambiance pharaonique en les associant parfois à des épisodes bibliques, ils se libèrent du côté militaire de la campagne Napoléonienne.

Au cours du XIXème siècle, l'égyptomanie touche toutes les formes de création, de l'Opéra Aïda créé pour le percement du canal de Suez, aux peintures de style Pompier avec notamment Jean-Léon Gérôme (1824-1904), en passant par le mobilier, les cheminées mais aussi les arts décoratifs.

 

En novembre 1922, en pleine domination du style Art Déco, la découverte de la tombe de Toutânkhamon relance la mode de l'Egyptomanie, qui viendra alors envahir le monde de la mode et de la publicité.

Prenant le relais des grandes institutions muséales, le cinéma des années 1950, prenant modèle sur les peintres pompiers, met en scène sujets bibliques et sujets antiques dans le style de l'Egyptomanie. C'est le cas du célèbre film Cleopatra, production Hollywoodienne titanesque, longtemps considérée comme la plus chère de tous les temps, avec dans le rôle principale la belle Elizabeth Taylor.

 

Bibliographie

- HUMBERT Jean-Marcel, PANTAZZI Michael, ZIEGLER Christiane (and Al.), Egypt in Western Art, 1730-1930, exhibition catalog, the Louvre Museum, University of Chicago Press, 1994.

 

- DESROCHES-NOBLECOURT Christiane, Egyptian style: Arts, styles and techniques, Ed. Larousse, 1939.

 

- SMITH William Stevenson, SIMPSON William Kelly, The Art and Architecture of Ancient Egypt, Pelican history of art, Vol. 14 Yale University Press Pelican history of art, Ed. Yale University Press, 1998

 

- Von WIEBEKING Carl Friedrich, theoretical and practical civil architecture, enriched with a descriptive history of ancient and modern buildings and their accurate drawings, 1827 Vol. 1, Book 4.

 

- WINCKELMANN Johann Joachim, Geschichte der Kunst des Altertums (History of Art among the Ancients), 1764




Égyptomanie

https://www.marcmaison.fr/architectural-antiques-resources/egyptomanie

 

Egyptomania is a unique phenomenon in the history of  Western art, it describes the fascination with the culture and history of  ancient and Pharaonic Egypt.  Fashionable since Roman times, we find Egyptian pieces in the first cabinets of curiosities of the sixteenth and seventeenth century. But it was during Bonaparte's Egyptian Campaign (1798-1801) that the art of the pharaohs began to fascinate artists and collectors again. This fascination continues to this day, as can be seen for example the pyramid of the Louvre Museum inaugurated in 1989, or that of the Luxor Hotel in Las Vegas, opened in 1993.

 

If Roman Egypt had already delivered many treasures to Rome (sculptures, obelisks ...), which will then be rediscovered with great interest in France and Italy in the Renaissance, Egytomania takes off at the beginning of the eighteenth century under the influence of Johann Joachim Winckelmann (1717-1768), the great theoretician of neoclassicism. At the time of the France enlightenment, antiquity became a model and decorative motifs of Egyptian origin began to adorn the furniture and interior decorations. Egypt is then associated with travel, with the exoticism of the East and its mysteries.

 

It will be necessary to wait until the beginning of the nineteenth century and the Campaign in Egypt of Bonaparte, for Egyptomania to completely invade the decorative arts, it will also be associated with the Empire Style.

Dominique Vivant-Denon (1747-1825), then director of the Muséum Central des Arts (future Louvre Museum), embarked in Toulon with Napoleon, this trip will mark him and his Chronicles of the illustrated journey are crowned with unanimous success. From then on fountains decorated with pharaonic motifs, decorations of hieroglyphics, obelisks and small pyramids, invaded the France to celebrate the Napoleonic victories.

 

In 1822, Jean François Champollion (1790-1832), then a young curator of Egyptian collections at the Louvre, deciphered hieroglyphics. Discoveries are growing on the banks of the Nile and Egyptology is evolving becoming more and more scientific. Egyptomania then took an increasingly important place in the decorative arts while taking advantage of the progress of this nascent science that is Egyptology. The forms of Egyptomania oscillate between documentary rigor and a certain fantasy that no longer has anything to do with antiquity. The Egyptian Vase Champollion in Sèvres porcelain, preserved at the Château de Compiègne and made by François-Hubert BARBIN (1786-1857) and the porcelain painter Jean-Charles DEVELLY (1783-1862) is a perfect illustration: in order to make this vase, the director of the Manufacture de Sèvres contacted Champollion directly for the validation of the vase's decoration. This scientific guarantee will facilitate the dissemination of the object. The Sèvres factory also produces a large number of dishes with Egyptian décor, note for example the beautiful tea set of the Empress Josephine preserved at the castle of Malmaison.

 

The painters also know how to take advantage of the new discoveries of Egyptology and reproduce decorations with a pharaonic atmosphere by sometimes associating them with biblical episodes, they free themselves from the military side of the Napoleonic campaign.

During the nineteenth century, Egyptomania touched all forms of creation, from the Opéra Aïda created for the drilling of the Suez Canal, to firefighter-style paintings with Jean-Léon Gérôme (1824-1904), through furniture, fireplaces but also decorative arts.

 

In November 1922, in full domination of the Art Deco style, the discovery of Tutankhamun's tomb revived the fashion of Egyptomania, which would then invade the world of fashion and advertising.

Taking over from the great museum institutions, the cinema of the 1950s, modelled on the firefighter painters, stages biblical subjects and ancient subjects in the style of Egyptomania. This is the case of the famous film Cleopatra, a titanic Hollywood production, long considered the most expensive of all time, with the beautiful Elizabeth Taylor in the lead role.

 

Bibliography

- HUMBERT Jean-Marcel, PANTAZZI Michael, ZIEGLER Christiane (and Al.), Egypt in Western Art, 1730-1930, exhibition catalog, the Louvre Museum, University of Chicago Press, 1994.

 

- DESROCHES-NOBLECOURT Christiane, Egyptian style: Arts, styles and techniques, Ed. Larousse, 1939.

 

- SMITH William Stevenson, SIMPSON William Kelly, The Art and Architecture of Ancient Egypt, Pelican history of art, Vol. 14 Yale University Press Pelican history of art, Ed. Yale University Press, 1998

 

- Von WIEBEKING Carl Friedrich, theoretical and practical civil architecture, enriched with a descriptive history of ancient and modern buildings and their accurate drawings, 1827 Vol. 1, Book 4.

 

- WINCKELMANN Johann Joachim, Geschichte der Kunst des Altertums (History of Art among the Ancients), 1764



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