Sunday, 10 April 2016

Le Chateau de Champchevrier / VIDEO : Chateau de Champchevrier (reportage France 3)


Le château de Champchevrier est un château de la Loire privé et situé sur la commune de Cléré-les-Pins à 25 kilomètres à l'ouest de Tours et à 15 kilomètres au nord de Langeais.
Au cœur d'un site harmonieusement boisé, le château de Champchevrier est un château historique habité par la même famille depuis 1728, héritière de Jean-Baptiste Pierre Henry de la Ruë du Can, baron de Champchevrier en 1741, et qui résonne encore de son passé royal.
Au Moyen Âge, une forteresse était construite sur ce site, attestée dès 1109
Sur ses ruines au xvie siècle, on éleva un pavillon de style Renaissance dont on peut toujours distinguer aujourd'hui les fenêtres à meneaux caractéristiques. Louis XIII y résida quelques jours en 1619.
Plus tard, sur la façade nord-est, on lui adjoignit un bâtiment xviiie siècle et on construisit la terrasse.
Le site a été classé monument historique en 1945 puis le château a été classé avec ses communs et son parc en 1975.




En val de Loire, au coeur d’un site boisé, se trouve le château de Champchevrier, habité par la même famille depuis le début du XVIIIe siècle.

Sur les fondations d’une ancienne forteresse, la famille de Daillon a construit, au XVIe siècle un élégant logis Renaissance. Cent ans plus tard, est adjoint à ce logis un château de style classique, avec sa terrasse bordée de balustrades ouvrant sur un parc et des douves en eau.

Le domaine est acheté par Jean-Baptiste de la Rue du Can, qui par lettres patentes du Roi Louis XV devient Baron de Champchevrier. Les propriétaires actuels en sont les descendants directs.

Il est traditionnel qu’un château comme Champchevrier héberge des hôtes de marque au premier rang desquels le roi qui a ici son appartement. C’est Louis XIII qui est venu le premier inaugurer « la chambre royale » et c’est François de Daillon, gouverneur du frère du roi, qui l’accueille. C’est certainement le seul château où un roi a « dormi sur la paille ». Les archives de son médecin personnel en font foi. Elles nous apprennent que le roi est arrivé à six heures et demi, a regardé l’étang, a dîné et, « ne pouvant dormir sur un matelas de satin , a fait quérir de la paille fraîche, se met en chemise de dessus et s’endort jusqu’à trois heures et quart. Levé, vêtu, goûté…il prend son arquebuse, va à la basse cour et s’en va tirer des pigeons… » Il n’avait que 18 ans.

Aujourd’hui cette chambre est décorée d’un mobilier Louis XVI dont l’histoire est également originale. Les archives nous racontent qu’en 1787 et 1788 la baronne de Champchevrier et ses deux filles décident de développer la culture du mûrier et l’élevage du ver à soie. Elles récoltent 580 cocons, qu’elles confient à une manufacture de Tour. Celle-ci tisse la soierie et la châtelaine pourra ainsi recouvrir le lit et son baldaquin et tout les fauteuils d’une ravissante soie framboise.

Dans la salle-à-manger actuelle, ou «salle des portraits », le sol est en marbre d’Italie, et les boiseries Louis XV d’un jaune très pâle sont ornées de chinoiseries, animaux exotiques, singes, perroquets et fruits, dans les tons sépia. Une petite porte cachée dans la boiserie ouvre sur le vieux monte-charge qui fonctionne encore de nos jours.

Au fond de la pièce se trouve un grand poêle en céramique datant de 1780, dont le conduit est en forme de canon de marine orné de dauphins et de boulets rattachés par des chaines. Fabriqué par les poêliers du roi, Il était à l’origine une commande royale pour le château de Richelieu et reste une pièce unique.

Dans les deux grands salons, on peut admirer un très beau mobilier d’époque Régence, et un ensemble de tapisseries exceptionnelles : la suite des « Amours des Dieux » et la suite du « Voyage d’Ulysse », d’après des cartons de Simon Vouet, et une autre suite de tapisserie de Beauvais représentant des verdures.

Attirée comme toujours par les greniers et par l’empreinte du temps et des générations successives, je suis montée dans les combles, et là c’est le bonheur pour une amoureuses des souvenirs ; Des dizaines de petites chambres se suivent et un immense couloir qui traverse toute la demeure. J’ouvre toutes les armoires et les malles qui regorgent de rouleaux de papier peint et de tissus du XVIIIe et du XIXe siècle : anciens rideaux des salons, linons blancs brodés, galons, franges, soies.

Dans d’autres malles et dans les placards, des boîtes de cols cassés, de plastrons amidonnés, de livrées, et encore plus précieux -des gilets d’époque Louis XVI en soie et des redingotes pourpres brodés d’or. Dans la lingerie, les draps et les serviettes brodés au chiffre de la famille de Béatrice.

Béatrice Bizard avait 25 ans lorsqu’elle est arrivée à Champchevrier. Sa belle mère était, bien sûr, la maîtresse de maison et gérait le domaine avec son fils Jacques. Petit à petit, elle a apprivoisé la grande maison dont elle a fait un point d’ancrage pour les enfants et leurs cousins. En 1995, un grand tournant a été amorcé avec lorsque Pierre et Béatrice on décider d’ouvrir le château au public durant les trois mois d’été, tout en gardant une partie privée.

Et c’est avec enthousiasme qu’ils ont organisé cette nouvelle vie.













Un rêve de châteaux en Touraine
MICHÈLE LASSEUR - SÉRIE LIMITÉE | LE 13/10/2006

Vieilles familles, nouveaux riches ou amateurs de pierres, les néo-châtelains sont rarement oisifs. Ils se donnent les moyens d'entretenir leur propriété. Beaucoup se battent même pour la rentabiliser. Petit tour de propriétés tourangelles.
« Allons chez-moi », disait familièrement François Ier à ses invités en les invitant à Chambord. N'hésitez pas, acceptez, vous aussi, moyennant quelques euros, l'invitation des derniers propriétaires privés, descendants d'aristocrates, fils de bourgeois ou homme d'affaires. Ils savent se battre pour rentabiliser leur domaine et s'échinent à maintenir en l'état toitures, murailles et allées. Seul moyen d'entretenir le château : abandonner la jouissance partielle des lieux aux touristes. « C'est un travail titanesque », résume le baron Pierre Bizard, sur tous les fronts depuis qu'il a hérité du château de Champchevrier, dans la forêt de Cléré-les-Pins. Il répare les escaliers, les charpentes, les galeries, les fenêtres. Il assure la sécurité, et... oublie ses soucis avec ses 70 chiens de meute, laquelle ouvre la chasse à courre à la Saint-Hubert. Guide au château, Nadine, son épouse, montre les sept tapisseries de la suite Les Amours des dieux. La collection serait la mieux conservée en Europe après celle de Buckingham Palace, selon le baron qui recommande : « Pas de photos des tapisseries. » Sans doute à cause des pilleurs de trésors !
Les touristes n'effraient pas Régis et Violaine de Lussac, propriétaires du château de l'Aubrière, à La Membrolle-sur-Choisille. Ils vivent toute l'année avec leurs cinq enfants dans cette bâtisse Napoléon III qui domine la vallée de la Choisille, à dix minutes de Tours. La comtesse, intarissable sur l'histoire des lieux, énumère la liste des célébrités qui y ont séjourné, comme les princesses Napoléon ou Georges Feydeau, qui y écrivit La Dame de chez Maxim en 1899. Avant la Seconde Guerre mondiale, un pharmacien du nom de Dumontier l'habita. « Il a créé ici "La Jouvence de l'abbé Soury" », précise Mme de Lussac. Un pedigree suffisant pour meubler les causeries au coin du feu. Et qui fait un beau livre d'or pour une demeure vouée par nécessité à l'hôtellerie. Restait à « polir » ce bijou de Touraine pour accueillir des hôtes d'une ou de quelques nuits. Violaine a gratté toute seule les parquets de quatre chambres recouverts de moquette. Puis elle s'est attelée à la réfection des salles de bains, « cette fois avec un plombier et un carreleur ». Aujourd'hui, le couple loue huit chambres, Ronsard, Rabelais..., et quatre suites. Les hôtes raffolent des dîners aux chandelles autour de la table d'hôtes. Comtesse, vos beaux plats... aiguisent notre gourmandise. Tout est délicieux, la gentillesse est unique et le choix des desserts original : tulipes avec glaces maison à la lavande, au miel, aux coquelicots, sabayon de fruits. « D'ailleurs, venez voir mon jardin potager. J'achète au château de la Bourdaisière les plants de tomates, une quarantaine de variétés. On les mange. On les regarde aussi. »
La Bourdaisière, voilà le genre d'adresse qu'on aimerait garder secrète. « Il faut être vraiment riche pour reprendre une telle demeure », s'exclama péremptoire, Angélique Carvallo, châtelaine de Villandry venue en voisine quand les deux frères Broglie achetèrent la propriété de 50 hectares qui avait été aménagée en maison de retraite. Louis-Albert de Broglie a quitté un poste confortable à la banque Paribas pour gérer les jardins. « Je voulais faire des affaires en m'amusant », avoue-t-il. Le prince a créé un potager-conservatoire consacré à cinq cents variétés de tomates, aux laitues et aux herbes aromatiques. « Il existe plus de dix mille variétés de tomates recensées et existantes : Rose de Berne, Téton de Vénus, Amour en cage », autant de noms poétiques pour désigner ce fruit qui servait à vilipender les mauvais acteurs au théâtre. Le « prince jardinier » s'emploie donc à conserver des espèces rares et anciennes de ce légume arrivé d'Amérique centrale au xvie siècle grâce aux conquistadores. Le deuxième week-end de septembre, le cercle des « adorateurs » de la tomate se donne rendez-vous à la Bourdaisière pour des dégustations de pommes d'amour, billes minuscules, gros coeurs dorés, chapelets de petites poires, rouges, noires, jaunes... Avec son frère Philippe-Maurice, Louis-Albert propose de séjourner dans le château transformé en maison d'hôtes. Vingt chambres dans cette demeure construite selon le désir de François Ier pour Marie Gaudin, sa belle maîtresse. Elle devint ensuite la résidence préférée de Gabrielle d'Estrées, favorite d'Henri IV. Le vin est aussi à l'honneur puisque Philippe-Maurice a produit cette année 12 000 bouteilles de Château Montlouis sur 3,5 hectares. « Pas d'assemblage de cépage, uniquement du chenin blanc. Suivant les années, nous faisons du sec ou du moelleux », explique le prince, verre en main.
Plaisir de jardins, plaisirs de prince. Ceux du Rivau, à quarante-cinq kilomètres de Tours, ont été classés « Jardin remarquable » par le ministère de la Culture. Le château, avec son donjon, ses tours crénelées et ses mâchicoulis, ses douves, est lié à la célèbre famille de Beauvau, apparentée aux comtes d'Anjou. « La bergère de Donrémy vint y chercher des chevaux d'équipage avant le siège d'Orléans, et Rabelais le fit offrir par Gargantua à son capitaine Tolmère en récompense de ses victoires aux guerres Pichrocolines. » En 1992, Patricia Laigneau, historienne de l'art, tombe sous le charme du château d'architecture pré-Renaissance. Elle persuade son mari de l'acheter. Leur nom est réputé dans l'urbanisme. Le couple, qui ne manque pas d'idées, se fait donc mécène pour le Rivau et entreprend la sauvegarde de ce monument classé depuis 1918. Quelque 1 300 m2 de toiture d'ardoises sont changés, 126 fenêtres sont remplacées avec des modèles de ferronnerie du xve siècle... Cette année, ils s'attaquent aux communs : écuries Renaissance de Philibert Delorme, pédiluve, fontaine à bec de canette, pressoir et granges. Quatre ans de travaux de rénovation en prévision. Mais le grand oeuvre concerne aussi les jardins, reconstitués sur 6 hectares d'après les archives du Rivau.
Lutins, ogres et géants
« Les douze jardins évoquent les légendes merveilleuses », commente Patricia Laigneau. Le potager de Gargantua, la Forêt enchantée, le Bois amoureux, la Cassinina, le chemin du Petit Poucet illustrent l'imaginaire des contes de fées. Lutins, ogres, géants accompagnent les visiteurs. Le sentier des Parfums réunit 325 variétés de roses : anciennes, odorantes, grimpantes, en buisson... « Nous voulons partager ces jardins avec d'autres », explique-t-elle. Des stages « Cuisine et plantes » s'y déroulent, les participants étant logés au château dans des chambres au décor historique. On apprend à cuisiner avec les fleurs et les plantes aromatiques.
Conte de fées en duo ! Angélique de Bouillé a épousé Henri Carvallo, heureux propriétaire de Villandry célèbre dans le monde entier pour ses jardins. Le gendre idéal, poli, réservé, dynamique et ambitieux. Au hasard des siècles, on rencontre dans l'arbre généalogique de la dame Guillaume le Conquérant et Charlotte Corday. Du côté Carvallo, l'arrière-grand-père, Joachim, fit preuve d'audace lorsqu'il se porta acquéreur de Villandry en 1906. « Il a dépensé la fortune de sa femme à restaurer le château. Quand mon père a pris la responsabilité du domaine en 1972, la situation financière était désastreuse, explique Henri. Aujourd'hui Villandry est une entreprise prospère et rentable : pendant les deux mois de fermeture annuelle, nous faisons les travaux de réfection, tous autofinancés. » Chaque année, 450 000 visiteurs viennent admirer le jardin d'ornement, le jardin d'eau en forme de miroir Louis XV, le jardin des simples, ou circuler dans les allées du potager de la Renaissance. Les carrés sont plantés de légumes dont les couleurs alternent entre elles : choux rouge Véronèse ou tête-de-nègre, céleris vert Empire, poireaux argentés et autres citrouilles en automne...
Beaucoup de visiteurs repartent avec des sachets de graines, des plants de rosiers, de buis, des outils et même des tenues de jardinier achetées à la boutique. À Villandry, neuf jardiniers et quelques stagiaires travaillent à temps plein pour tailler les cinquante kilomètres d'ifs et de buis qui enserrent des tapis de fleurs de saison. Pour élaguer les branches de 1 260 tilleuls et repiquer chaque année 250 000 plants de fleurs et de légumes, à l'exception de la pomme de terre, anachronique dans un jardin du xvie siècle.
Le prince diplomate reçut Balzac
« Ne rêvez plus bergères : la vie de château n'est pas de tout repos. » Une phrase que ne démentirait pas la famille Pasquier, propriétaire du château de Rochecotte, la dernière demeure du prince de Talleyrand. Le gravier chuinte sous les pneus. Au bout du capot apparaît une façade xviiie ombragée par un cèdre du Liban deux fois centenaire. Le prince diplomate reçut, dans son fauteuil, Balzac. Quand il n'y avait pas de visite, il admirait le panorama sur la Loire, se promenait en fauteuil roulant dans le parc ou restait dans la bibliothèque qui conserve ses éditions préférées. Gérard Pasquier, entrepreneur à la retraite, s'occupe des jardins (« Je me lève à six heures du matin pour arroser pelouses et parterres »), son épouse Nicole de la gestion. Isabelle, leur fille, surprenante femme de tête de 42 ans, se soucie peu de révérences : « Oui, c'est moi qui cuisine : je vous ai préparé de la caille en terrine. Mes parents ont acheté le château en 1984 : de beaux murs, un beau toit, un parc de 10 hectares et... la chambre de Talleyrand, transformée après sa mort en chapelle. » Elle donne sur une terrasse à l'italienne colorée de glycine où les abeilles butinent. On y prend le petit déjeuner, simple, exquis, digne de son ancien propriétaire.
Xavier et Anne Olivereau, au domaine de la Tortinière, à Montbazon (à quinze minutes de Tours), sont devenus châtelains malgré eux. « Nous avons pris la suite de mes parents », explique Xavier. Construit par Pauline Dalloz, veuve de l'auteur du précis du Code civil, leur château Second Empire n'est pas des plus célèbres mais on s'y sent chez soi. La Tortinière se prélasse dans un parc de 15 hectares qui descend en pente douce jusqu'aux rives de l'Indre. Vieille demeure et idées neuves, le couple a fait du château une entreprise centrée sur deux mots clés : patrimoine et nature. Sa clientèle américaine raffole du cyclotourisme. « Nous leur suggérons des idées de balades "nature" autour de trois châteaux : la Bourdaisière, la Tortinière et Rochecotte », explique Anne. Les cyclistes longent la Loire, les champs de colza, découvrent des papillons pareils aux miniatures de la Renaissance et des oiseaux tout droit sortis des tapisseries du Grand Siècle. Ils peuvent aussi traverser Chinon, visiter le château dont les ruines coiffent la ville, traverser la Vienne, cousine langoureuse de la Loire. Certains vont jusqu'à Amboise et au Clos-Lucé, là où vécut Léonard de Vinci. On peut y voir les dessins de ses inventions prodigieuses et des maquettes de machines. Il y aurait rêvé aux vols des oiseaux, sa grande obsession. Le temps et les hommes n'ont rien enlevé au paysage. Et la lumière est restée la même.



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