Le château de Champchevrier est un château de la Loire privé et situé sur la commune de Cléré-les-Pins à 25 kilomètres à l'ouest de Tours et à 15 kilomètres au nord de Langeais.
Au cœur d'un site
harmonieusement boisé, le château de Champchevrier est un château
historique habité par la même famille depuis 1728, héritière de
Jean-Baptiste Pierre Henry de la Ruë du Can, baron de Champchevrier
en 1741, et qui résonne encore de son passé royal.
Au Moyen Âge, une
forteresse était construite sur ce site, attestée dès 1109
Sur ses ruines au
xvie siècle, on éleva un pavillon de style Renaissance dont on peut
toujours distinguer aujourd'hui les fenêtres à meneaux
caractéristiques. Louis XIII y résida quelques jours en 1619.
Plus tard, sur la
façade nord-est, on lui adjoignit un bâtiment xviiie siècle et on
construisit la terrasse.
Le site a été
classé monument historique en 1945 puis le château a été classé
avec ses communs et son parc en 1975.
En val de Loire, au
coeur d’un site boisé, se trouve le château de Champchevrier,
habité par la même famille depuis le début du XVIIIe siècle.
Sur les fondations
d’une ancienne forteresse, la famille de Daillon a construit, au
XVIe siècle un élégant logis Renaissance. Cent ans plus tard, est
adjoint à ce logis un château de style classique, avec sa terrasse
bordée de balustrades ouvrant sur un parc et des douves en eau.
Le domaine est
acheté par Jean-Baptiste de la Rue du Can, qui par lettres patentes
du Roi Louis XV devient Baron de Champchevrier. Les propriétaires
actuels en sont les descendants directs.
Il est traditionnel
qu’un château comme Champchevrier héberge des hôtes de marque au
premier rang desquels le roi qui a ici son appartement. C’est Louis
XIII qui est venu le premier inaugurer « la chambre royale » et
c’est François de Daillon, gouverneur du frère du roi, qui
l’accueille. C’est certainement le seul château où un roi a «
dormi sur la paille ». Les archives de son médecin personnel en
font foi. Elles nous apprennent que le roi est arrivé à six heures
et demi, a regardé l’étang, a dîné et, « ne pouvant dormir sur
un matelas de satin , a fait quérir de la paille fraîche, se met en
chemise de dessus et s’endort jusqu’à trois heures et quart.
Levé, vêtu, goûté…il prend son arquebuse, va à la basse cour
et s’en va tirer des pigeons… » Il n’avait que 18 ans.
Aujourd’hui cette
chambre est décorée d’un mobilier Louis XVI dont l’histoire est
également originale. Les archives nous racontent qu’en 1787 et
1788 la baronne de Champchevrier et ses deux filles décident de
développer la culture du mûrier et l’élevage du ver à soie.
Elles récoltent 580 cocons, qu’elles confient à une manufacture
de Tour. Celle-ci tisse la soierie et la châtelaine pourra ainsi
recouvrir le lit et son baldaquin et tout les fauteuils d’une
ravissante soie framboise.
Dans la
salle-à-manger actuelle, ou «salle des portraits », le sol est en
marbre d’Italie, et les boiseries Louis XV d’un jaune très pâle
sont ornées de chinoiseries, animaux exotiques, singes, perroquets
et fruits, dans les tons sépia. Une petite porte cachée dans la
boiserie ouvre sur le vieux monte-charge qui fonctionne encore de nos
jours.
Au fond de la pièce
se trouve un grand poêle en céramique datant de 1780, dont le
conduit est en forme de canon de marine orné de dauphins et de
boulets rattachés par des chaines. Fabriqué par les poêliers du
roi, Il était à l’origine une commande royale pour le château de
Richelieu et reste une pièce unique.
Dans les deux grands
salons, on peut admirer un très beau mobilier d’époque Régence,
et un ensemble de tapisseries exceptionnelles : la suite des «
Amours des Dieux » et la suite du « Voyage d’Ulysse », d’après
des cartons de Simon Vouet, et une autre suite de tapisserie de
Beauvais représentant des verdures.
Attirée comme
toujours par les greniers et par l’empreinte du temps et des
générations successives, je suis montée dans les combles, et là
c’est le bonheur pour une amoureuses des souvenirs ; Des dizaines
de petites chambres se suivent et un immense couloir qui traverse
toute la demeure. J’ouvre toutes les armoires et les malles qui
regorgent de rouleaux de papier peint et de tissus du XVIIIe et du
XIXe siècle : anciens rideaux des salons, linons blancs brodés,
galons, franges, soies.
Dans d’autres
malles et dans les placards, des boîtes de cols cassés, de
plastrons amidonnés, de livrées, et encore plus précieux -des
gilets d’époque Louis XVI en soie et des redingotes pourpres
brodés d’or. Dans la lingerie, les draps et les serviettes brodés
au chiffre de la famille de Béatrice.
Béatrice Bizard
avait 25 ans lorsqu’elle est arrivée à Champchevrier. Sa belle
mère était, bien sûr, la maîtresse de maison et gérait le
domaine avec son fils Jacques. Petit à petit, elle a apprivoisé la
grande maison dont elle a fait un point d’ancrage pour les enfants
et leurs cousins. En 1995, un grand tournant a été amorcé avec
lorsque Pierre et Béatrice on décider d’ouvrir le château au
public durant les trois mois d’été, tout en gardant une partie
privée.
Et c’est avec
enthousiasme qu’ils ont organisé cette nouvelle vie.
Un rêve de châteaux en Touraine
MICHÈLE LASSEUR -
SÉRIE LIMITÉE | LE 13/10/2006
Vieilles familles,
nouveaux riches ou amateurs de pierres, les néo-châtelains sont
rarement oisifs. Ils se donnent les moyens d'entretenir leur
propriété. Beaucoup se battent même pour la rentabiliser. Petit
tour de propriétés tourangelles.
« Allons chez-moi
», disait familièrement François Ier à ses invités en les
invitant à Chambord. N'hésitez pas, acceptez, vous aussi, moyennant
quelques euros, l'invitation des derniers propriétaires privés,
descendants d'aristocrates, fils de bourgeois ou homme d'affaires.
Ils savent se battre pour rentabiliser leur domaine et s'échinent à
maintenir en l'état toitures, murailles et allées. Seul moyen
d'entretenir le château : abandonner la jouissance partielle des
lieux aux touristes. « C'est un travail titanesque », résume le
baron Pierre Bizard, sur tous les fronts depuis qu'il a hérité du
château de Champchevrier, dans la forêt de Cléré-les-Pins. Il
répare les escaliers, les charpentes, les galeries, les fenêtres.
Il assure la sécurité, et... oublie ses soucis avec ses 70 chiens
de meute, laquelle ouvre la chasse à courre à la Saint-Hubert.
Guide au château, Nadine, son épouse, montre les sept tapisseries
de la suite Les Amours des dieux. La collection serait la mieux
conservée en Europe après celle de Buckingham Palace, selon le
baron qui recommande : « Pas de photos des tapisseries. » Sans
doute à cause des pilleurs de trésors !
Les touristes
n'effraient pas Régis et Violaine de Lussac, propriétaires du
château de l'Aubrière, à La Membrolle-sur-Choisille. Ils vivent
toute l'année avec leurs cinq enfants dans cette bâtisse Napoléon
III qui domine la vallée de la Choisille, à dix minutes de Tours.
La comtesse, intarissable sur l'histoire des lieux, énumère la
liste des célébrités qui y ont séjourné, comme les princesses
Napoléon ou Georges Feydeau, qui y écrivit La Dame de chez Maxim en
1899. Avant la Seconde Guerre mondiale, un pharmacien du nom de
Dumontier l'habita. « Il a créé ici "La Jouvence de l'abbé
Soury" », précise Mme de Lussac. Un pedigree suffisant pour
meubler les causeries au coin du feu. Et qui fait un beau livre d'or
pour une demeure vouée par nécessité à l'hôtellerie. Restait à
« polir » ce bijou de Touraine pour accueillir des hôtes d'une ou
de quelques nuits. Violaine a gratté toute seule les parquets de
quatre chambres recouverts de moquette. Puis elle s'est attelée à
la réfection des salles de bains, « cette fois avec un plombier et
un carreleur ». Aujourd'hui, le couple loue huit chambres, Ronsard,
Rabelais..., et quatre suites. Les hôtes raffolent des dîners aux
chandelles autour de la table d'hôtes. Comtesse, vos beaux plats...
aiguisent notre gourmandise. Tout est délicieux, la gentillesse est
unique et le choix des desserts original : tulipes avec glaces maison
à la lavande, au miel, aux coquelicots, sabayon de fruits. «
D'ailleurs, venez voir mon jardin potager. J'achète au château de
la Bourdaisière les plants de tomates, une quarantaine de variétés.
On les mange. On les regarde aussi. »
La Bourdaisière,
voilà le genre d'adresse qu'on aimerait garder secrète. « Il faut
être vraiment riche pour reprendre une telle demeure », s'exclama
péremptoire, Angélique Carvallo, châtelaine de Villandry venue en
voisine quand les deux frères Broglie achetèrent la propriété de
50 hectares qui avait été aménagée en maison de retraite.
Louis-Albert de Broglie a quitté un poste confortable à la banque
Paribas pour gérer les jardins. « Je voulais faire des affaires en
m'amusant », avoue-t-il. Le prince a créé un potager-conservatoire
consacré à cinq cents variétés de tomates, aux laitues et aux
herbes aromatiques. « Il existe plus de dix mille variétés de
tomates recensées et existantes : Rose de Berne, Téton de Vénus,
Amour en cage », autant de noms poétiques pour désigner ce fruit
qui servait à vilipender les mauvais acteurs au théâtre. Le «
prince jardinier » s'emploie donc à conserver des espèces rares et
anciennes de ce légume arrivé d'Amérique centrale au xvie siècle
grâce aux conquistadores. Le deuxième week-end de septembre, le
cercle des « adorateurs » de la tomate se donne rendez-vous à la
Bourdaisière pour des dégustations de pommes d'amour, billes
minuscules, gros coeurs dorés, chapelets de petites poires, rouges,
noires, jaunes... Avec son frère Philippe-Maurice, Louis-Albert
propose de séjourner dans le château transformé en maison d'hôtes.
Vingt chambres dans cette demeure construite selon le désir de
François Ier pour Marie Gaudin, sa belle maîtresse. Elle devint
ensuite la résidence préférée de Gabrielle d'Estrées, favorite
d'Henri IV. Le vin est aussi à l'honneur puisque Philippe-Maurice a
produit cette année 12 000 bouteilles de Château Montlouis sur 3,5
hectares. « Pas d'assemblage de cépage, uniquement du chenin blanc.
Suivant les années, nous faisons du sec ou du moelleux », explique
le prince, verre en main.
Plaisir de jardins,
plaisirs de prince. Ceux du Rivau, à quarante-cinq kilomètres de
Tours, ont été classés « Jardin remarquable » par le ministère
de la Culture. Le château, avec son donjon, ses tours crénelées et
ses mâchicoulis, ses douves, est lié à la célèbre famille de
Beauvau, apparentée aux comtes d'Anjou. « La bergère de Donrémy
vint y chercher des chevaux d'équipage avant le siège d'Orléans,
et Rabelais le fit offrir par Gargantua à son capitaine Tolmère en
récompense de ses victoires aux guerres Pichrocolines. » En 1992,
Patricia Laigneau, historienne de l'art, tombe sous le charme du
château d'architecture pré-Renaissance. Elle persuade son mari de
l'acheter. Leur nom est réputé dans l'urbanisme. Le couple, qui ne
manque pas d'idées, se fait donc mécène pour le Rivau et
entreprend la sauvegarde de ce monument classé depuis 1918. Quelque
1 300 m2 de toiture d'ardoises sont changés, 126 fenêtres sont
remplacées avec des modèles de ferronnerie du xve siècle... Cette
année, ils s'attaquent aux communs : écuries Renaissance de
Philibert Delorme, pédiluve, fontaine à bec de canette, pressoir et
granges. Quatre ans de travaux de rénovation en prévision. Mais le
grand oeuvre concerne aussi les jardins, reconstitués sur 6 hectares
d'après les archives du Rivau.
Lutins, ogres et
géants
« Les douze jardins
évoquent les légendes merveilleuses », commente Patricia Laigneau.
Le potager de Gargantua, la Forêt enchantée, le Bois amoureux, la
Cassinina, le chemin du Petit Poucet illustrent l'imaginaire des
contes de fées. Lutins, ogres, géants accompagnent les visiteurs.
Le sentier des Parfums réunit 325 variétés de roses : anciennes,
odorantes, grimpantes, en buisson... « Nous voulons partager ces
jardins avec d'autres », explique-t-elle. Des stages « Cuisine et
plantes » s'y déroulent, les participants étant logés au château
dans des chambres au décor historique. On apprend à cuisiner avec
les fleurs et les plantes aromatiques.
Conte de fées en
duo ! Angélique de Bouillé a épousé Henri Carvallo, heureux
propriétaire de Villandry célèbre dans le monde entier pour ses
jardins. Le gendre idéal, poli, réservé, dynamique et ambitieux.
Au hasard des siècles, on rencontre dans l'arbre généalogique de
la dame Guillaume le Conquérant et Charlotte Corday. Du côté
Carvallo, l'arrière-grand-père, Joachim, fit preuve d'audace
lorsqu'il se porta acquéreur de Villandry en 1906. « Il a dépensé
la fortune de sa femme à restaurer le château. Quand mon père a
pris la responsabilité du domaine en 1972, la situation financière
était désastreuse, explique Henri. Aujourd'hui Villandry est une
entreprise prospère et rentable : pendant les deux mois de fermeture
annuelle, nous faisons les travaux de réfection, tous autofinancés.
» Chaque année, 450 000 visiteurs viennent admirer le jardin
d'ornement, le jardin d'eau en forme de miroir Louis XV, le jardin
des simples, ou circuler dans les allées du potager de la
Renaissance. Les carrés sont plantés de légumes dont les couleurs
alternent entre elles : choux rouge Véronèse ou tête-de-nègre,
céleris vert Empire, poireaux argentés et autres citrouilles en
automne...
Beaucoup de
visiteurs repartent avec des sachets de graines, des plants de
rosiers, de buis, des outils et même des tenues de jardinier
achetées à la boutique. À Villandry, neuf jardiniers et quelques
stagiaires travaillent à temps plein pour tailler les cinquante
kilomètres d'ifs et de buis qui enserrent des tapis de fleurs de
saison. Pour élaguer les branches de 1 260 tilleuls et repiquer
chaque année 250 000 plants de fleurs et de légumes, à l'exception
de la pomme de terre, anachronique dans un jardin du xvie siècle.
Le prince diplomate
reçut Balzac
« Ne rêvez plus
bergères : la vie de château n'est pas de tout repos. » Une phrase
que ne démentirait pas la famille Pasquier, propriétaire du château
de Rochecotte, la dernière demeure du prince de Talleyrand. Le
gravier chuinte sous les pneus. Au bout du capot apparaît une façade
xviiie ombragée par un cèdre du Liban deux fois centenaire. Le
prince diplomate reçut, dans son fauteuil, Balzac. Quand il n'y
avait pas de visite, il admirait le panorama sur la Loire, se
promenait en fauteuil roulant dans le parc ou restait dans la
bibliothèque qui conserve ses éditions préférées. Gérard
Pasquier, entrepreneur à la retraite, s'occupe des jardins (« Je me
lève à six heures du matin pour arroser pelouses et parterres »),
son épouse Nicole de la gestion. Isabelle, leur fille, surprenante
femme de tête de 42 ans, se soucie peu de révérences : « Oui,
c'est moi qui cuisine : je vous ai préparé de la caille en terrine.
Mes parents ont acheté le château en 1984 : de beaux murs, un beau
toit, un parc de 10 hectares et... la chambre de Talleyrand,
transformée après sa mort en chapelle. » Elle donne sur une
terrasse à l'italienne colorée de glycine où les abeilles
butinent. On y prend le petit déjeuner, simple, exquis, digne de son
ancien propriétaire.
Xavier et Anne
Olivereau, au domaine de la Tortinière, à Montbazon (à quinze
minutes de Tours), sont devenus châtelains malgré eux. « Nous
avons pris la suite de mes parents », explique Xavier. Construit par
Pauline Dalloz, veuve de l'auteur du précis du Code civil, leur
château Second Empire n'est pas des plus célèbres mais on s'y sent
chez soi. La Tortinière se prélasse dans un parc de 15 hectares qui
descend en pente douce jusqu'aux rives de l'Indre. Vieille demeure et
idées neuves, le couple a fait du château une entreprise centrée
sur deux mots clés : patrimoine et nature. Sa clientèle américaine
raffole du cyclotourisme. « Nous leur suggérons des idées de
balades "nature" autour de trois châteaux : la
Bourdaisière, la Tortinière et Rochecotte », explique Anne. Les
cyclistes longent la Loire, les champs de colza, découvrent des
papillons pareils aux miniatures de la Renaissance et des oiseaux
tout droit sortis des tapisseries du Grand Siècle. Ils peuvent aussi
traverser Chinon, visiter le château dont les ruines coiffent la
ville, traverser la Vienne, cousine langoureuse de la Loire. Certains
vont jusqu'à Amboise et au Clos-Lucé, là où vécut Léonard de
Vinci. On peut y voir les dessins de ses inventions prodigieuses et
des maquettes de machines. Il y aurait rêvé aux vols des oiseaux,
sa grande obsession. Le temps et les hommes n'ont rien enlevé au
paysage. Et la lumière est restée la même.
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