Monday 22 March 2021

 


The Collection of Pierre Le-Tan presented by Sotheby's , Paris comprises 500 lots from the late artist’s eclectic Parisian apartment. Le-Tan came from a background that was literary, artistic and international. He was born in 1950 in Neuilly-sur-Seine near Paris, the son of Vietnamese painter Lê Phổ (and grandson of the last Viceroy of Tonkin) who had married the daughter of a French officer after WWII.

At 17, on the advice of an American friend of his mother's, Pierre sent drawings to the New Yorker – and by the age of 19 the prestigious magazine had published two covers drawn by him. Over the course of his life, his artworks were published in @theworldofinteriors, New York Times Magazine, Vogue, Madame Figaro, and Harper's Bazaar among many others.




Sotheby's sale includes forty drawings by Le-Tan himself which have not been on the market since 1995 as well as paintings by his father. The sale also includes works of art and objects including, photographs, 20th century decorative arts, ceramics, Islamic art, African art, manuscripts and fabrics. Highlights include a portrait of Le-Tan drawn by David Hockney and a 1930s plaster cast of socialite Stephen Tennant’s left hand ( he was said to be the “brightest” of the “Bright Young Things”).


Collection Pierre Le-Tan, Session II, till 18 March.

https://www.sothebys.com/en/buy/auction/2021/collection-pierre-le-tan-part-ii?locale=en&cmp=actn_CPI__aff__onl_PF2138_en_03-21__woi_cat_igimage___&fbclid=IwAR1euPrD9qqJi4wpsyiOcSmPuSxziGnttq0srqhwdZpD7Ki3Oi5rnD-nV_8

 


Pierre Le-Tan chasseur d’objets

Le 10 juin 2016, par Sylvain Alliod

https://www.gazette-drouot.com/article/pierre-le-tan-chasseur-d-objets/8980

 

Difficile de ne pas reconnaître la veine poétique de celui qui a aussi bien dessiné pour le New Yorker qu’avec Patrick Modiano. Son trait à découvrir ? La folie de la collection.

 

Les collectionneurs, Pierre Le-Tan les connaît bien. Non seulement il leur a consacré un ouvrage, paru en 2013 chez Flammarion, mais il fait lui-même partie du sérail… et de l’espèce la plus intéressante pour le marché de l’art, lui-même se définissant comme un insatiable acheteur. C’est donc tout naturellement que le marché Paul Bert Serpette s’est tourné vers lui pour fêter son 70e anniversaire. La demande était des plus légitimes, puisque que c’est aux Puces de Saint-Ouen que tout a commencé : «Mon père m’y amenait. Il aimait beaucoup aller chez les antiquaires, il était moins compulsif que moi, mais c’est lui qui m’a transmis le virus. J’avais sept ou huit ans ; il connaissait pas mal de marchands, qui me donnaient des bricoles». Faut-il le rappeler, le legs paternel concerne non seulement la collectionnite aiguë, mais aussi la fibre artistique, l’illustrateur étant le fils du peintre Lé Phô. «Vous le connaissez bien, glisse-t-il malicieusement, il est souvent dans les pages de votre publication. C’est lui qui m’a appris à regarder les antiquités. J’aimais beaucoup tout ce qui était asiatique puis, comme tant de petits garçons, je me suis intéressé aux armes, particulièrement japonaises. D’ailleurs, pour mes 14 ans, on m’a offert une armure nippone.» S’il collectionne donc tout jeune, il dessine également, et, très vite, sur les conseils d’un ami américain de sa mère, envoie des feuilles au New Yorker, qui le publiera bientôt. Sa carrière d’illustrateur est lancée… Pierre Le-Tan va réaliser des campagnes publicitaires, illustrer des ouvrages, en écrire, peindre des toiles pour le restaurant Le Mirabelle, à Londres, et même imaginer les décors du film Quadrille (1997) de Valérie Lemercier.

 

Tous azimuts

«Mon père avait des goûts assez éclectiques. Il appréciait la céramique chinoise, mais aussi la sculpture religieuse médiévale et toutes sortes de choses !» Le fils affiche une approche tout aussi pléthorique, comme en témoigne son appartement de la place du Palais-Bourbon, un véritable cabinet de curiosités, plein de charme, où il vous accueille un téléphone à la main. «J’attends une miniature islamique qui passe à Drouot», souffle-t-il. S’il dit ne pas avoir de mode d’achat privilégié, il goûte particulièrement les ventes aux enchères. «Mes origines doivent y être pour quelque chose, car les Asiatiques sont très joueurs et je sais que si je n’avais pas eu cette passion de la collection, j’aurais peut-être passé ma vie dans les salles de jeu. On y éprouve à peu près la même excitation. On peut acheter sans avoir un centime, mais on ne le regrettera jamais. C’est la différence avec le jeu. Là, on perd beaucoup ! À la salle des ventes, on gagne presque toujours.» Difficile de lui faire revendiquer un thème de collection. À peine concède-t-il avoir un temps réuni des œuvres de l’école néoromantique, signées de Christian Bérard, Jean Cocteau, Pavel Tchelitchev ou des frères Berman, pour aussitôt déclarer les avoir vendues d’un bloc en 1995, toujours aux enchères. «Je me laisse séduire par les choses, c’est très imprévisible. Ce flot jamais interrompu qui passe est vraiment extraordinaire. D’aucuns disent qu’il n’y a plus rien, mais ce n’est pas vrai : il y a toujours des affaires à saisir.»

 

Saisir ce qui relie les choses

«J’ai beaucoup acheté et aussi beaucoup vendu, c’est comme cela que j’ai pu posséder des milliers d’objets». L’homme, s’il vend parfois par nécessité, avoue aussi avoir la chance de pouvoir éprouver un grand détachement par rapport aux choses. «Je n’ai jamais regretté de m’être dépossédé de quoi que ce soit. Ce qui m’a toujours excité a été de penser que j’allais trouver quelque chose, même dans les endroits les plus inattendus. J’ai pu pourchasser une œuvre durant des années et, tout d’un coup, ne plus m’y intéresser. Ainsi en décembre dernier, dans la vente de la collection Georges Hugnet chez Christie’s, il y avait un portrait de Gertrude Stein par Eugène Berman. Je connaissais l’œuvre depuis l’époque où elle était exposée chez Myrtille Hugnet, qui ne voulait pas me la vendre. Eh bien, en décembre, je l’ai suivie mais pas achetée. Pourtant, Dieu sait si je l’avais désirée !» Notre amateur explique aussi son goût pour les provenances : «J’aime les ventes de collections, les ensembles ayant appartenu à une personne. Le plus excitant est d’évaluer tout ce que quelqu’un a pu accumuler dans une vie, comme un concentré d’existence. On peut alors saisir ce qui relie toutes ces choses entre elles».

 

Coups de cœur

Pour le moins paradoxalement, Pierre Le-Tan déclare regretter de ne pas vivre dans un intérieur minimaliste. «Mon rêve absolu. Une impossibilité étant donné ma boulimie ! La plupart des gens achètent un objet pour un endroit précis. Moi, je ne pense jamais à cela. De nombreuses fois, j’ai acheté des meubles qui ne pouvaient même pas rentrer chez moi, notamment dans mon ancien appartement, où il y avait un escalier compliqué. Je les laissais en bas et les revendais… » Son truc à lui, c’est le coup de cœur, sans jamais acheter dans une quelconque perspective spéculative : «J’ai souvent acquis ce qui n’était pas à la mode et l’est devenu par la suite, mais alors, ça ne m’intéressait plus.» Cette promenade nonchalante en dehors des sentiers battus se remarque à nouveau lorsqu’on lui demande quel est son artiste préféré : « Je suis incapable de me prononcer. Il y en a de très grands et puis d’autres que presque personne ne connaît, mais qui peuvent me donner autant de joie que Goya. C’est ça, le plaisir de chiner : trouver un petit artiste inconnu. Philippe Jullian, un écrivain merveilleux et grand collectionneur très érudit, qui fréquentait assidûment Drouot, a aussi laissé des dessins formidables, très méchants, très drôles. Qui les connaît ?» Et si l’on aborde le monde des livres, celui qui a notamment beaucoup travaillé avec Patrick Modiano constate : « J’ai beaucoup plus d’amis écrivains qu’artistes. J’ai toujours été entouré de livres. Des maisons sans bibliothèque  ce qui est de plus en plus le cas , ça me désole profondément. Toutes les semaines, des livres arrivent chez moi. J’en achète, j’en reçois, sans parler des catalogues de ventes… Tous sont très importants. Ils représentent en outre un instrument de travail, une base de documentation». Soulignant ce rapport étroit que Pierre Le-Tan entretient avec l’écrit, son ami Umberto constate, dans le catalogue de la rétrospective que le musée national d’Art moderne de Madrid lui a consacrée en 2004, que ses compositions peuvent être appréhendées comme des «dessins qui doivent être lus et des mots qui doivent être regardés». Et si les livres sont indispensables pour le travail artistique de notre invité, ils le sont aussi pour mieux comprendre sa collection, elle-même considérée comme l’une de ses inspirations. D’ailleurs, quand on lui fait remarquer qu’entre les dessins, tableaux, livres, étoffes, céramiques et objets qui l’entourent, on a beau scruter, on n’a repéré aucune de ses propres œuvres, il nous répond en plaisantant « si ! dans les toilettes  ! »… mais aussi sur un abat-jour où se détache, sur fond de croisillons, un œil éclairé. Celui, toujours curieux, que Pierre Le-Tan pose avec discrétion et érudition sur les choses…

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