The
Collection of Pierre Le-Tan presented by Sotheby's , Paris comprises 500 lots
from the late artist’s eclectic Parisian apartment. Le-Tan came from a
background that was literary, artistic and international. He was born in 1950
in Neuilly-sur-Seine near Paris, the son of Vietnamese painter Lê Phổ (and
grandson of the last Viceroy of Tonkin) who had married the daughter of a
French officer after WWII.
At 17, on
the advice of an American friend of his mother's, Pierre sent drawings to the
New Yorker – and by the age of 19 the prestigious magazine had published two
covers drawn by him. Over the course of his life, his artworks were published
in @theworldofinteriors, New York Times Magazine, Vogue, Madame Figaro, and
Harper's Bazaar among many others.
Sotheby's
sale includes forty drawings by Le-Tan himself which have not been on the
market since 1995 as well as paintings by his father. The sale also includes
works of art and objects including, photographs, 20th century decorative arts,
ceramics, Islamic art, African art, manuscripts and fabrics. Highlights include
a portrait of Le-Tan drawn by David Hockney and a 1930s plaster cast of
socialite Stephen Tennant’s left hand ( he was said to be the “brightest” of
the “Bright Young Things”).
Collection
Pierre Le-Tan, Session II, till 18 March.
Pierre Le-Tan chasseur d’objets
Le 10 juin
2016, par Sylvain Alliod
https://www.gazette-drouot.com/article/pierre-le-tan-chasseur-d-objets/8980
Difficile
de ne pas reconnaître la veine poétique de celui qui a aussi bien dessiné pour
le New Yorker qu’avec Patrick Modiano. Son trait à découvrir ? La folie de la collection.
Les
collectionneurs, Pierre Le-Tan les connaît bien. Non seulement il leur a
consacré un ouvrage, paru en 2013 chez Flammarion, mais il fait lui-même partie
du sérail… et de l’espèce la plus intéressante pour le marché de l’art,
lui-même se définissant comme un insatiable acheteur. C’est donc tout naturellement que le marché
Paul Bert Serpette s’est tourné vers lui pour fêter son 70e anniversaire. La
demande était des plus légitimes, puisque que c’est aux Puces de Saint-Ouen que
tout a commencé : «Mon père m’y amenait. Il aimait beaucoup aller chez les
antiquaires, il était moins compulsif que moi, mais c’est lui qui m’a transmis
le virus. J’avais sept ou huit ans ; il connaissait pas mal de marchands, qui
me donnaient des bricoles». Faut-il le rappeler, le legs paternel concerne non
seulement la collectionnite aiguë, mais aussi la fibre artistique,
l’illustrateur étant le fils du peintre Lé Phô. «Vous le connaissez bien,
glisse-t-il malicieusement, il est souvent dans les pages de votre publication.
C’est lui qui m’a appris à regarder les antiquités. J’aimais beaucoup tout ce
qui était asiatique puis, comme tant de petits garçons, je me suis intéressé
aux armes, particulièrement japonaises. D’ailleurs, pour mes 14 ans, on m’a
offert une armure nippone.» S’il collectionne donc tout jeune, il dessine
également, et, très vite, sur les conseils d’un ami américain de sa mère,
envoie des feuilles au New Yorker, qui le publiera bientôt. Sa carrière
d’illustrateur est lancée… Pierre Le-Tan va réaliser des campagnes
publicitaires, illustrer des ouvrages, en écrire, peindre des toiles pour le
restaurant Le Mirabelle, à Londres, et même imaginer les décors du film
Quadrille (1997) de Valérie Lemercier.
Tous
azimuts
«Mon père
avait des goûts assez éclectiques. Il appréciait la céramique chinoise, mais aussi la sculpture religieuse
médiévale et toutes sortes de choses !» Le fils affiche une approche tout aussi
pléthorique, comme en témoigne son appartement de la place du Palais-Bourbon,
un véritable cabinet de curiosités, plein de charme, où il vous accueille un
téléphone à la main. «J’attends une miniature islamique qui passe à Drouot»,
souffle-t-il. S’il dit ne pas avoir de mode d’achat privilégié, il goûte
particulièrement les ventes aux enchères. «Mes origines doivent y être pour
quelque chose, car les Asiatiques sont très joueurs et je sais que si je
n’avais pas eu cette passion de la collection, j’aurais peut-être passé ma vie
dans les salles de jeu. On y éprouve à peu près la même excitation. On peut
acheter sans avoir un centime, mais on ne le regrettera jamais. C’est la différence avec le jeu. Là,
on perd beaucoup ! À la salle des ventes, on gagne presque toujours.» Difficile
de lui faire revendiquer un thème de collection. À peine concède-t-il avoir un
temps réuni des œuvres de l’école néoromantique, signées de Christian Bérard,
Jean Cocteau, Pavel Tchelitchev ou des frères Berman, pour aussitôt déclarer
les avoir vendues d’un bloc en 1995, toujours aux enchères. «Je me laisse
séduire par les choses, c’est très imprévisible. Ce flot jamais interrompu qui
passe est vraiment extraordinaire. D’aucuns disent qu’il n’y a plus rien, mais
ce n’est pas vrai : il y a toujours des affaires à saisir.»
Saisir ce
qui relie les choses
«J’ai
beaucoup acheté et aussi beaucoup vendu, c’est comme cela que j’ai pu posséder
des milliers d’objets». L’homme, s’il vend parfois par nécessité, avoue aussi
avoir la chance de pouvoir éprouver un grand détachement par rapport aux
choses. «Je n’ai jamais
regretté de m’être dépossédé de quoi que ce soit. Ce qui m’a toujours excité a
été de penser que j’allais trouver quelque chose, même dans les endroits les
plus inattendus. J’ai
pu pourchasser une œuvre durant des années et, tout d’un coup, ne plus m’y
intéresser. Ainsi en décembre dernier, dans la vente de la collection
Georges Hugnet chez Christie’s, il y avait un portrait de Gertrude Stein par
Eugène Berman. Je connaissais l’œuvre depuis l’époque où elle était exposée
chez Myrtille Hugnet, qui ne voulait pas me la vendre. Eh bien, en décembre, je
l’ai suivie mais pas achetée. Pourtant, Dieu sait si je l’avais désirée !»
Notre amateur explique aussi son goût pour les provenances : «J’aime les ventes
de collections, les ensembles ayant appartenu à une personne. Le plus excitant est d’évaluer tout ce que
quelqu’un a pu accumuler dans une vie, comme un concentré d’existence. On peut
alors saisir ce qui relie toutes ces choses entre elles».
Coups de
cœur
Pour le
moins paradoxalement, Pierre Le-Tan déclare regretter de ne pas vivre dans un
intérieur minimaliste. «Mon rêve absolu. Une impossibilité étant donné ma
boulimie ! La plupart des gens achètent un objet pour un endroit précis. Moi,
je ne pense jamais à cela. De nombreuses fois, j’ai acheté des meubles qui ne
pouvaient même pas rentrer chez moi, notamment dans mon ancien appartement, où
il y avait un escalier compliqué. Je les laissais en bas et les revendais… »
Son truc à lui, c’est le coup de cœur, sans jamais acheter dans une quelconque
perspective spéculative : «J’ai souvent acquis ce qui n’était pas à la mode et
l’est devenu par la suite, mais alors, ça ne m’intéressait plus.» Cette promenade nonchalante en dehors des
sentiers battus se remarque à nouveau lorsqu’on lui demande quel est son
artiste préféré : « Je suis incapable de me prononcer. Il y en a de très grands
et puis d’autres que presque personne ne connaît, mais qui peuvent me donner
autant de joie que Goya. C’est
ça, le plaisir de chiner : trouver un petit artiste inconnu. Philippe Jullian,
un écrivain merveilleux et grand collectionneur très érudit, qui fréquentait
assidûment Drouot, a aussi laissé des dessins formidables, très méchants, très
drôles. Qui les connaît ?» Et si l’on aborde le monde des livres, celui qui a
notamment beaucoup travaillé avec Patrick Modiano constate : « J’ai beaucoup
plus d’amis écrivains qu’artistes. J’ai toujours été entouré de livres. Des maisons sans bibliothèque ce qui est de plus en plus le cas , ça me
désole profondément. Toutes les semaines, des livres arrivent chez moi. J’en
achète, j’en reçois, sans parler des catalogues de ventes… Tous sont très
importants. Ils représentent en outre un instrument de travail, une base de
documentation». Soulignant ce rapport étroit que Pierre Le-Tan entretient avec
l’écrit, son ami Umberto constate, dans le catalogue de la rétrospective que le
musée national d’Art moderne de Madrid lui a consacrée en 2004, que ses
compositions peuvent être appréhendées comme des «dessins qui doivent être lus
et des mots qui doivent être regardés». Et si les livres sont indispensables
pour le travail artistique de notre invité, ils le sont aussi pour mieux
comprendre sa collection, elle-même considérée comme l’une de ses inspirations.
D’ailleurs, quand on lui fait remarquer qu’entre les dessins, tableaux, livres,
étoffes, céramiques et objets qui l’entourent, on a beau scruter, on n’a repéré
aucune de ses propres œuvres, il nous répond en plaisantant « si ! dans les
toilettes ! »… mais aussi sur un abat-jour
où se détache, sur fond de croisillons, un œil éclairé. Celui, toujours curieux, que Pierre
Le-Tan pose avec discrétion et érudition sur les choses…
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